Hamilton sacré pour la sixième fois: l’ombre de Senna sur un enfant prodige
Lewis Hamilton a décroché ce dimanche soir son 6e titre de champion du monde de F1. Retour sur le parcours d’un magicien programmé pour gagner...
- Publié le 04-11-2019 à 12h12
- Mis à jour le 04-11-2019 à 12h13
Lewis Hamilton a décroché ce dimanche soir son 6e titre de champion du monde de F1. Retour sur le parcours d’un magicien programmé pour gagner... Cela ne faisait aucun doute que Lewis Hamilton était programmé à faire de grandes choses dès son plus jeune âge. Ce jeune kid de Stevenage, petit-fils d’immigré grenadien et prénommé Lewis en hommage à l’athlète Carl Lewis, a été piqué par le virus du sport automobile alors qu’il faisait encore ses dents. Il ne tarde pas à se trouver une idole : Ayrton Senna.
Le champion brésilien aligne les titres quand le petit Lewis est en âge de comprendre. C’est décidé, il veut imiter son idole et devenir pilote de Formule 1, comme Magic.
"Quand j’ai appris sa mort à Imola en 1994, j’ai été effondré, se souvient Lewis. J’ai été m’isoler dans la caravane familiale pour pleurer seul et je n’en suis pas ressorti avant un bon moment."
Dès ses années en karting, Hamilton arborera un casque jaune en hommage à celui qui l’a inspiré. "Et pour moi, c’était une excellente manière de pouvoir le reconnaître sur la piste dans les pelotons", souligne son paternel Anthony qui le suivra pendant l’essentiel de sa carrière.
C’est durant cette période que Lewis optera pour le numéro qui deviendra sa marque de fabrique : le 44. Alors qu’il s’apprête à avoir 10 ans, le gamin rencontre Ron Dennis, le directeur de l’écurie McLaren avec laquelle Senna a décroché ses trois titres. L’enfant n’est pas timide et lance : "Plus tard, je veux courir pour vous." Ce à quoi Dennis lui répond : "OK, continue sur ta lancée et je regarderai attentivement tes prestations." Trois ans plus tard, Hamilton est officiellement pris sous l’aile de McLaren. La machine est lancée...
Sous les couleurs de McLaren, Hamilton est lancé sur un tremplin vers la F1. Champion d’Europe 2000 de Formula A en karting, champion de Formule Renault britannique 2002, Hamilton explose réellement aux yeux du monde trois ans plus tard.
Engagé en F3 Euroseries au sein de l’équipe ASM de Fred Vasseur, Lewis écrase la concurrence avec 15 victoires en 20 courses, venant à bout de pilotes comme Lucas di Grassi, Adrian Sutil, Giedo Van der Garde, Esteban Guerrieri mais aussi un certain Sebastian Vettel. Bis repetita un an plus tard où il taille un costard en GP2 dès sa première saison dans le championnat malgré la fin de parcours exemplaire du redoublant Nelsinho Piquet. C’est décidé, Lewis sera en F1 en 2007. Et pourtant, le Britannique a failli ne jamais connaître la success story qu’il a eue.
Il est pressenti chez Spyker, une écurie qui se traînera lamentablement pendant toute l’année. Heureusement pour lui, McLaren fait le pari de le placer directement aux côtés de Fernando Alonso. D’emblée sur le podium à Melbourne, il décrochera la timbale au Canada à l’issue d’une course menée de main de maître. Une campagne marquée par la rivalité croissante avec Fernando Alonso.
À partir de l’été, tous les coups sont permis entre les deux équipiers. Lewis peut néanmoins être champion lors de l’avant-dernier meeting de l’année à Shanghaï. On connaît la suite : Hamilton abandonnera en Chine et ne terminera que 7e au Brésil, laissant la couronne à Kimi Räikkönen.
La perle de Stevenage prendra sa revanche dès l’année suivante en arrachant le titre à quelques hectomètres de l’arrivée. S’en suivent plusieurs années de galère. McLaren est dominée tandis que la relation avec son mentor se détériore. Sans parler de ses frasques amoureuses avec Nicole Scherzinger.
Surprotégé par le monastère de Woking, Lewis veut prendre son indépendance. Ce sera chose faite en 2013 où il est convaincu par Niki Lauda de rejoindre Mercedes. Le personnage de Hamilton change alors, une manière pour lui de vivre l’adolescence que McLaren lui a prise. La mise sur orbite des Flèches d’argent à la sauce hybride lui offrira 5 titres mondiaux supplémentaires. Mais cette aventure en gris est marquée par les conflits avec l’ancien ami d’enfance Nico Rosberg qui parviendra à le priver du titre en 2016.
Malgré sa vie décousue, Hamilton est plus que jamais une machine de guerre. Ce n’est pas pour rien que Valtteri Bottas, ancien grand espoir de la F1, n’a fait qu’illusion. Cette sixième couronne vient au final récompenser un parcours brillant de Hamilton qui a définitivement gagné sa place au panthéon des pilotes.
Là-haut, Senna doit être fier de son fils spirituel...
L’avenir en rouge ?
Le Britannique se verrait bien achever sa carrière chez Ferrari. L’herbe est toujours plus verte ailleurs et la routine peut vite devenir un ennui mortel. Lewis Hamilton est conscient de cela. Le Britannique pourrait se contenter de son volant chez Mercedes. À vrai dire, le seul fait que sa Flèche d’argent demeure l’arme absolue le pousse à rester à Brackley. “Il faudrait que Mercedes m’assure qu’ils feront une fusée jusqu’à la fin des temps pour que je reste chez eux”, a d’ailleurs commenté LH44.
Hamilton a désormais la trentaine et est en âge de relever les défis. L’essentiel de sa carrière est derrière lui et il n’a plus grand-chose à prouver. Il lui reste néanmoins un défi à relever : sortir de sa zone de confort et emmener une écurie rivale à la victoire.
Et quelle meilleure écurie que Ferrari pour achever sa carrière en apothéose ? Tout le monde sait à quel point il est prestigieux de porter le cheval cabré sur sa combinaison.
“Ferrari ne me laisse pas indifférent”, avait d’ailleurs souligné Hamilton. La Rossa est la doyenne des écuries, elle qui est présente depuis les débuts du championnat en 1950. Lui offrir la gloire est une excellente façon d’entrer dans la légende de la Formule 1. Voir Lewis au volant d’une monoplace écarlate devrait devenir réalité en 2021 ou 2022. Sur son lit de mort, Sergio Marchionne aurait indiqué que le recrutement du champion en titre devait avoir lieu. Mais gare au piège : si Lewis échoue dans son dessein, sa réputation sera écornée au centuple. Fernando Alonso et Sebastian Vettel en savent quelque chose…